-->

01 juin 2018

Le goût sucré des souvenirs de Beate Teresa Hanika


Le goût sucré des souvenirs de Beate Teresa Hanika


Parution le 15 février 2018
Editions Les Escales
272 pages

°°°
Elisabetta Shapiro, 80 ans, vit seule dans sa maison familiale au cœur de Vienne. De son enfance, elle a conservé des dizaines de pots de confiture d'abricot. Tous sont soigneusement étiquetés et indiquent l'année de leur fabrication. Véritable madeleine de Proust, la confiture fait immanquablement jaillir les souvenirs : les jours tranquilles rythmés par les chants de sa mère, Franz, le voisin dont elle était follement amoureuse, ses grandes sœurs qu'elle jalousait secrètement. Et puis la montée du nazisme dans les années 1930, l'arrestation de toute sa famille par les SS, la solitude et la perte des repères.
Quand Pola, une jeune danseuse, emménage chez la vieille dame, ses habitudes sont chamboulées. D'autant plus que Pola lutte elle aussi contre ses propres démons.
Malgré leurs différences, les deux femmes vont peu à peu se rapprocher et nouer des liens plus forts qu'elles ne l'auraient imaginé.

°°°
Ce que j'en pense


Le goût sucré des souvenirs est comparé à l'un de mes coups de cœur de littéraire, Un goût de cannelle et d'espoir de Sarah McCoy. Autant vous dire que j'en attendais beaucoup de cette lecture.

Au cœur du roman de Sarah McCoy, il y avait de délicieuses pâtisseries allemandes. 

Beate Teresa Hanika a mis au cœur du sien une délicieuse confiture d'abricots préparée années après années par Elisabetta Shapiro.

Elisabetta vit dans la maison qui l'a vu grandir, se réfugier, attendre, vieillir. À l'étage de sa maison vit une fille dont elle ne connaît rien si ce n'est qu'elle est allemande. Le temps n'efface pas les souvenirs qui hantent Elisabetta depuis des décennies. La présence de la fille est pour la vieille dame un rappel de ce que les allemands ont fait subir aux siens. Les fantômes du passé prennent la forme de ses deux sœurs qui murmurent à l'oreille d'Elisabetta ce que sa mémoire voudrait oublier.

Le goût sucré des souvenirs est un roman aérien qui avec sa poésie m'a emporté dans un tourbillon d'émotions. Je me suis fait balader par les mots éthérés de Beate Teresa Hanika. Elle m'a souvent semée et contrainte à revenir en arrière et à relire les scènes bouleversantes qu'elle dépeint. C'est la première fois que je me retrouve désarçonnée de cette manière par un roman. Alors que j'aurais reposé d'autres romans, celui-ci m'a au contraire charmé par la beauté de son incroyable histoire.

L'histoire d'Elisabetta est bouleversante et fait tristement écho à la réalité qui a marqué – détruit- tant d'hommes, de femmes et d'enfants pendant la seconde guerre.

Ce roman vaporeux est difficile à cerner mais sa qualité réside dans les émotions qu'il laisse s'écouler d'entre ses lignes. Une certaine ambivalence s'est emparée de moi lorsque j'ai tourné la dernière page de mon livre. J'ai oscillé entre ravissement et saisissement après cette lecture étourdissante.

Le goût sucré des souvenirs n'a pas manqué de me rappeler par certains côtés Un goût de cannelle et d'espoir. Pour autant, je ne me suis pas autant fondue dans ma lecture du roman de Beate Teresa Hanika que dans celle de Sarah McCoy. Mais cette expérience littéraire poétique a été forte émotionnellement. Elle a abordé de denses sujets comme la haine raciale ayant entraîné l'extermination d'un peuple et de manière plus « légère », la solitude, les vies brisées... Autant de thématiques qui rendent une lecture bouleversante, peu importe la manière dont ils sont abordés.

Je remercie Margaux les éditions Les Escales pour leur confiance.


Extrait du livre et notation
"C’est drôle de voir ce qui nous reste en mémoire, car je ne me souviens pas de la terreur, des hurlements des sirènes, des bombardements qui traversaient Vienne comme un frisson, une trépidation, un sifflement, à croire que la ville gémissait sous l’effet de la violence. Je me souviens du bruit des bombardiers et me rappelle être restée dehors longtemps, bouche bée, au milieu d’un champ détrempé par le printemps, avec mes bottes maculées de boue et Hitler sous le bras qui venait juste de sortir d’hibernation, à regarder les avions, ce vaste front qui progressait au-dessus de Vienne. Je les observais sans peur et sans palpitations, avec seulement l’odeur de la terre humide et labourée dans les narines."

 5

1 commentaire:

  1. J'ai beaucoup aimé "Un goût de cannelle et d'espoir" et "La pâtissière de Long Island". Je suis donc bien tentée par ce livre!
    https://thecosmicsam.com/2016/03/20/mes-avis-lecture-du-mois-de-fevrier/

    RépondreSupprimer