La tanche de Inge Schilperoord

La tanche de Inge Schilperoord

Parution le 17 août 2017

Editions Belfond

224pages

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Dans un village de la banlieue d’Amsterdam, au bord de la mer, de nos jours.
Jonathan, la trentaine, sort de prison. Dans le bus qui l’emmène chez sa mère, il se répète ce que le psychologue lui a enseigné : s’il organise rigoureusement ses journées, il sera un homme meilleur.
Jonathan se le promet : il va s’occuper de sa mère, faible, asthmatique, retourner travailler à l’usine de poissons, promener le chien, aller à la pêche. Il restera seul, il ne parlera à personne, il va s’occuper les mains, l’esprit, tout pour ne pas replonger.
Car Jonathan est un pédophile. Il est sorti de prison, faute de preuves. Le psychologue lui a parlé d’un taux de récidive de 80 %. Il sait qu’il ne doit pas se laisser déborder par ses pulsions.
Or, dans ce quartier en démolition où vit sa mère, vivent aussi une mère célibataire et sa fillette… 

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Ce que j'en pense

La tanche est un roman grave qui aborde un sujet très lourd et délicat, celui de la pédophilie. Il est difficile de concevoir qu'un livre romancé puisse traiter de cette thématique et pourtant Inge Schilperoord l'a écrit.

Ancienne psychologue judiciaire, Inge Schilperoord s'est basée sur sa rencontre avec des personnes condamnées pour pédophilie pour écrire son roman La tanche.

Fait étonnant que de donner un nom de poisson d'eau douce à un roman mais Jonathan est passionné par tout ce qui a trait à la nature. Pendant son incarcération, il a passé de longues heures a imaginer la nature qui entoure sa petite maison dans la banlieue d'Amsterdam qu'il habite avec sa mère.

Les écrous tout juste levés, Jonathan va renouer avec son environnement favori. Le calme que lui procure la nature l'aide à garder l'esprit clair et à lutter contre ses démons. Et ses démons il doit les garder enfermés à tout jamais.

La tanche n'est pas un roman où l'action a sa place. La psychologie de Jonathan et sa lutte incessante contre ses « besoins » donnent à l'histoire beaucoup de longueurs. Il mène un combat à chaque minute qui passent pour museler ses pensées déviantes. Pour l'aider à vaincre ses pulsions, il comble tous les blancs dans l'emploi du temps de ses journées. Quand il ne passe pas du temps avec sa mère, une femme croyante et versatile, Jonathan passe son temps à l'extérieur, seul. Jusqu'au jour où sa petite voisine, livrée à elle même la plupart du temps, va s'imposer dans le quotidien du jeune homme.

Inge Schilperoord a pris un risque en écrivant son roman du point de vue d'un criminel sexuel mais ses connaissances de ce « public » particulier donnent à l'histoire une véracité difficile à appréhender mais malheureusement réel.

Il est très difficile de trouver des circonstances atténuantes à Jonathan et encore plus d'accepter que sa naïveté puisse le rendre émouvant.Et pourtant, pendant un infime instant, mon cœur s'est serrée pour cet homme-enfant avant de battre rageusement contre ce qu'il est.

La tanche n'est pas une lecture que l'on peut apprécier au sens propre du terme car le malaise qu'elle nous procure est aussi dérangeant que désagréable. Inge Schilperoord a ouvert les portes d'un esprit malade qui n'a pas sa place dans notre société mais son livre lui peut trouver pendant un temps donné sa place dans l'esprit des lecteurs qui oseront tourner ses pages.

Une fois n'est pas coutume, je ne jugerai pas cette lecture. Des jours après ma lecture, je n'arrive pas à en parler de manière construite et encore moins à lui attribuer une note.
Comme l'a fait l'auteure, je laisse la première page de La tanche ouverte pour laisser aux lecteurs qui le voudraient l'occasion de découvrir ce roman si particulier...

Extrait du livre et notation

" Il ressentit le besoin de se mettre sur la pointe des pieds, ce qui lui permettrait de s’éloigner d’elle tout en restant où il était."